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Le temps sabbatique


2019



Se perdre, se retrouver,

se perdre, abandonner,

se perdre, s’abandonner…

Pagayer dans le sens du courant

Maudire les courants inverses

Bénir les courants inverses

Regarder les courants inverses

Ni bénédiction, ni malédiction

Joie, désespoir,

Déchirement

Contemplation

S’arrêter regarder le ciel

A la tombée des jours

Manquer de tout et de tous

Manquer de rien et de soi

Anéantissement

Sentir le dénuement,

Le désarroi indicible

Et le respirer

Dans chaque cellule

Sans craindre l’intoxication

La suffocation d’être soi

Ne pas savoir où poser son sac

Plus loin que maintenant

Rencontrer d’autres quêteurs

Aux mêmes filets de pêche

Aux mêmes récoltes

Tantôt abondantes

Tantôt dérisoires

Toujours nourritures

Amères ou caressantes

Vivifiantes

Ne pas savoir à quoi s’attendre

Ne pas vouloir à rien s’attendre

Ne plus vouloir de rien attendre

Se complaire dans l’inattendu

Y voir davantage

Que la surface

N’être plus personne

D’autre que cette itinérance

Dont la trajectoire fluctue

Au gré du vent

Au gré du temps

Qui a dit que ce serait facile

Sinon les marchands de délices ?

Ne plus avoir d’autre demeure

Que la caverne du cœur

Pas toujours hospitalière

Imperceptiblement familière

Irrémédiablement nourricière

Refuge des oubliés

Asile des déplorés

Qui appelle silencieuse

Et dont l’écho s’égare

Entre ici et là

Entre Toi et moi

A qui pourra entendre

L’appel du dedans

Qu’il libère !

De l’enchainement au dehors

Pour vivre plus profond

Plus haut, plus fort

Plus à l'unisson









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