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Vallée de la lune et échappée désertique


Jordanie, 2019

Je passe une semaine dans le désert de Wadi Rum, au sud de la Jordanie, chez des bédouins. Dans le cadre d’un petit volontariat, le but est de les aider avec les touristes qui viennent découvrir le désert par le biais de leur campement et de promouvoir leur visibilité sur la toile.


Le Wadi Rum, aussi appelé Vallée de la lune, est un espace protégé, d’une beauté fascinante, avec ses déserts blanc et rouge qui ne se mélangent pas (comme les eaux de l’océan pacifique et atlantique qui côte à côte restent distinctes, ainsi que je viens de l’apprendre !)


Le désert rouge du Wadi Rum


Laissez-moi vous conter cette aventure, peut-être un peu celle des milles et nuits mais aussi pour être sincère, des milles et unes galères !


Nous sommes arrivés dans le désert depuis la ville d’Aqaba, au bord de la mer Rouge, qui est au carrefour de l’Arabie saoudite, l’Egypte et Israël, ces pays se trouvant à kilomètres km de distance. Autant dire qu’on se sent à la croisée des mondes !



Nous avions rendu notre voiture de location, qui nous avait octroyé une fabuleuse liberté de déplacement (même si nous avions aussi essuyé l'angoisse d'une panne au milieu de la réserve de Dana, avec aucun des numéros d'assistance ne fonctionnant!)

Il était maintenant temps de nous roder aux moyens de transport locaux et je savais qu’il faudrait s’armer de patience. En effet en Jordanie, les bus ne suivent pas d’horaires et ne partent qu’une fois plein. Nous en avons fait l’expérience, lorsqu’en arrivant le chauffeur nous a rassuré que le bus partait 10 min plus tard et qu’1H30 après, nous attendions encore dans le marécage de notre sueur, nous liquéfiant dans la camionnette exposée sous le plein soleil de midi.


Cela était une petite partie de rigolade par rapport à la suite, car il fallait bien que nous versions le tribut de notre statut d’étranger (encore une fois). Et l’heure avait sonné ! Alors qu’on nous avait maintes fois assuré la liaison directe de notre bus à wadi rum, nous entendions des échos contraires d’autres chauffeurs… nous exhortant à quitter notre bus pour le leur, sans surprise, pour une petite somme supplémentaire. Bien malgré nous, nous nous sommes retrouvés pris dans la houle des conflits entre ceux qui nous certifiaient que le bus allait bien jusqu’au village et ceux qui maintenaient qu’ils nous déposeraient au milieu de l’autoroute… impossible de déterminer qui des deux camps était sincère…nous ne comprenions pas pourquoi le ton montait et de quelle guerre nous étions l’enjeu… sans moyen de départager, nous montons dans le bus initial, qui nous parait moins vindicatif... La suite vous dira si nous avons eu raison ou pas…


Après l’attente dégoulinante, nous voilà enfin partis, brinquebalants vers le désert, le bus bondé, promesse de l’attente brulante. Les paysages sableux défilent au son de la radio jordanienne et des conversations téléphoniques bruyantes de nos compagnons où le charme de la langue arabe rivalise avec les rythmes de la musique. Nous sommes au milieu de larges étendues qui s’étirent à perte de vue, où rien d’autre que le sable et le ciel ne se dispute la place, si ce n’est des excroissances rocheuses aux parois brutes.

Jusqu’à ce que la camionnette s'immobilise sur le bord de l’autoroute…et nous demande de descendre. O râge et désespoir, nous sommes les dindons de la farce… ! sans recours, nous trainons nos mines indignées mais bien impuissantes sous les regards indifférents des voyageurs et du chauffeur qui nous avait promis la liaison directe jusqu’au village…



Nous voilà à nouveaux en plein cagnard, mais cette fois au milieu du désert…


Des racoleurs nous rejoignent comme des mouches sur un pot de miel, nous promettant, encore, de nous emmener jusqu’au dit village, pour le double du prix déjà payé. Nous n’avons plus confiance. Nous essayons de faire du stop, mais tout se monnaie… Notre hôte bédouin que nous appelons ne se montre pas très aidant et nous comprenons vite qu’au milieu du désert (et sans eau qui plus est) nous n’avons pas tellement de marge de manœuvre. Nous finissons par monter avec un homme, pas très rassurant, qui nous emmène bel et bien jusqu’au fameux village, contre les indispensables espèces sonnantes et trébuchantes.


A Wadi Rum, notre hôte bédouin nous récupère. Il nous conduit dans des dédales sableuses de ruelles abimées, ou tout semble détruit ou bien inachevé…des carcasses de voiture, des lampadaires au sol… des murs comme immobilisés dans leur élan d’élévation. Il nous accueille dans un espace, à mi-chemin entre une tente bédouine et un baraquement, tapissé de tapis rouge aux motifs arabisants, du sol au plafond, ou le seul mobiliser est une petit table fêlée et un écran plat.


Nous apprendrons plus tard que c’est sa « réception », autrement dit le lieu où il accueille les touristes avant de les emmener sur son campement dans le désert, accessible uniquement en jeep.

Nous nous asseyons. Et attendons.

La journée passe…

Doucement.

Personne.

Pas d’eau.

Pas de connexion internet pour communiquer


En fin de journée, des personnes passent, mais ne parlent pas anglais ; le père de notre hôte, patriarche qui en a la fierté, vient regarder la télévision. Des femmes lui servent le thé. Nous demandons gentiment à boire, on nous invite à aller acheter de l’eau au village.


Pour avoir fait plusieurs projets à l’étranger, je sais que la notion du temps et de l’accueil diffère beaucoup d’une culture à l’autre, nous nous résolvons à ne pas avoir plus de précision ce jour-là. On nous amène néanmoins un petit plateau repas. Epuisée, je finis par m’allonger au sol sur les tapis rugueux, au son tonitruant de la « ligue des champions » diffusée sur les chaines arabes (il y a des choses universelles…!).

Le point d’eau qu’on nous a indiqué un peu plus loin à l'extérieur est tellement souillé que j’estime ce jour-là que dormir « dans mon jus » sera probablement moins risqué qu’y faire un passage ! Vers 23h on nous amène des matelas, ô douceur absolue… Il semble bien que la tente soit notre nouvelle maison … !




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