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Inventer son "chez-soi"

France, 2019


Voilà bientôt 2 mois que mon année sabbatique a commencé, à travers mes pérégrinations en France. Le début de cette aventure a été marqué par de belles découvertes et rapidement par les limites de mon corps et de ma santé, qui m’ont contraintes à repousser mon départ à l’étranger. Pendant que je prends le temps de me « soigner », j’explore tout ce que j’ai à vivre ici…y compris le renoncement à ce que mon projet se réalise comme je le souhaitais !


Cette situation me fait vivre une forme particulière d’itinérance et de déracinement : j’ai rendu ma maison et n’ai plus de domicile fixe, je suis accueillie ici et là, dans un contexte où je ne suis pas au meilleure de ma forme...

Cette expérience de perte de (chez) soi me confronte à beaucoup de ressentis. Qui ne me sont pas totalement étrangers car mon histoire de fille de militaire m’a très tôt mise face à la multiplication des habitations et des mutations…mais ici c’est un peu différent, car je ne passe pas d’une maison à l’autre tous les deux ans, mais plutôt tous les deux jours ! Cela crée comme une accélération qui me met face à ce besoin essentiel de se retrouver, de « rentrer chez -soi ».


Mais qu’est-ce qu’un chez - soi ?! est-ce un lieu ? cela se fabrique t-il? Peut-on en avoir plusieurs ? Est-ce indispensable...?


Cette question m’a ramenée qq années en arrière, à cette chanson de Gabrielle Applin, « Home ».

« 'Cause they say home is where your heart is set in stone Is where you go when you're alone Is where you go to rest your bones It's not just where you lay your head It's not just where you make your bed As long as we're together, does it matter where we go? »


Je pense aussi que l’amour, « être ensemble » est une merveilleuse manière de "d'être à la maison", dans la confiance et la douceur d’une intimité partagée, de liens qui font office de château fort, de temple ou de cabane dans les arbres…! Pour ma part aujourd'hui, réalisant cette aventure seule, ce n'est pas à travers la relation que je peux le mieux inventer un "nid nomade", j’ai donc poursuivi ma quête…


Si je n’ai personne avec qui je peux être « together », j’ai néanmoins mon sac à dos, qui lui ne me quitte pas ! Et je me suis demandé, serait-ce lui mon chez moi, ma bosse, ma carapace… ? Je me suis aperçue qu’effectivement, retrouver ses « affaires » donne une saveur rassurante….et plus encore, le contact avec des objets familiers permet de retrouver de « petites habitudes » ou rituels : une façon de disposer les choses, une manière d'habiter l'espace (en m'étalant pour ceux qui me connaissent!) une manière de préparer son lit avant de dormir, le tout dans une certaine lenteur. Tisser son cocon, c'est un peu faire correspondre notre espace interne avec l'aménagement d'un environnement extérieur ; faire concorder tempo intérieur avec notre un rythme de vie


C’était un premier pas, et très rapidement, je me suis rendu compte qu’il manquait un autre ingrédient, incontournable. La solitude. Etre chez soi, c’est avoir un espace ou l'on peut être seul avec soi simplement. C’est ne pas avoir à parler ou à écouter, si ce n’est le silence. C’est ne pas avoir à justifier de ne pas avoir envie de compagnie. C’est jouir de sa propre présence, silencieuse. Et ce silence est une vraie demeure. Plus que jamais avec mes pb de santé, je me suis rendue compte à quel point le silence est un merveilleux moyen "d'être à la maison » dans un espace où l’on peut vraiment se (re)poser, se (re)ssourcer, se (re)trouver, si ce n’est pas se trouver tout court...

J’ai pu approfondir comment ma méditation pouvait aussi être un retour au refuge de l'être. Une autre manière de rentrer à la casa. Celle du cœur. Même quand celui-ci est en petit morceaux.


Tout cela m’a fait réaliser qu’on peut avoir une maison, mais que cela ne la transforme pas spontanément en « chez soi ». Créer un « home sweet home » demande de se mettre à l’écoute de ses besoins, de développer une connaissance de son rythme, de prendre soin de notre environnement intérieur et extérieur, sans oublier d’y saupoudrer une certaine dose de magie…

Et pour vous, ça veut dire quoi « être chez soi » ? ;)


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